Tous deux issus du milieu de l’architecture, Cinzia Romanin et Thomas Noceto sont deux photographes à la pratique documentaire. Fascinés par les dimensions humaines et territoriales, ils utilisent le médium audio-visuel comme un outil éminemment réflexif et démocratique. Partant de la nécessité de se distancer des matériaux énergivores et polluants tels que le béton, leur projet Terragraphy invite à s’immerger dans le milieu de la construction en terre crue sur le territoire franco-belge. C’est ainsi qu’en photographiant à l’aide d’une chambre technique et de négatifs artisanaux composés d’argile, ils souhaitent retransmettre la poésie de cette matière prélevée sous nos pieds, pouvant être remodelée à l’infini ou simplement réintégrée à son sol d’origine. En utilisant des films d’argile et des pigments de terre fabriqués à la main, ce projet a été l’occasion d’oser et d’inventer des explorations sensibles dans lesquelles le sujet devient l’objet tel un fragment de réalité. En raison de son affinité avec les processus sensibles à la lumière, la dénomination « Terragraphie » a été inventée afin de décrire une pratique révélant chaque paysage au travers de sa propre matérialité.
Dans le cadre de d’une résidence de création 2024 proposée par le Centre photographique des Hauts de France Diaphane, Cinzia et Thomas sont partis durant huit semaines à la rencontre d’artisan.e.s et d’habitant.e.s se battant pour la revalorisation de ce matériau sur le territoire géologique du Pays de Bray connu pour son argile, son héritage bâti centenaire et ses savoirs-faire vernaculaires.